samedi 6 mars 2010

Combattre un cliché... par un autre cliché ?


Un Québec sexiste

Les commentaires qu'ont tenus Claude Mailhot et Alain Goldberg au sujet du patineur artistique Johnny Weir, et l'écho qu'ils ont eu au Québec, révèlent pour certains un discours homophobe.
À mon avis, ces propos ne relèvent pas d'une réelle aversion pour les gais.
En fait, cet épisode digne des Plouffe démontre qu'au Québec, nous souffrons encore du syndrome de la taverne «chez Gilles». Nous nous percevons comme une société progressiste, mais sous ce vernis, cet incident montre que nous sommes collectivement encore attachés à une vision limitée et traditionnelle de ce qu'est un homme.

L'image que Johnny Weir a projetée aux Jeux olympiques est venue heurter celle qu'avaient intériorisée les journalistes et analystes sportifs et qui fait actuellement consensus. Celle qui nous réconforte et nous conforte dans nos préjugés et qui est proposée dans les pages de magazines comme Summum version féminine?: des hommes musclés, forts, virils, sûrs d'eux-mêmes, des sportifs, des gagnants, des guerriers!
Je suis totalement en accord avec le fond du message. C'est à dire que ces commentaires sur l'apparence du patineur démontre un conformisme à un espèce d'idéal macho, male viril. Ces commentateur sportif ont entièrement droit à leur opinion et à l'exprimer. Mais ils en ont beurrés épais et le ton hautain qu'ils ont employés est à déplorable...

Ceci dit, certains commentaires de l'auteur de ce texte sont tout aussi déplorable.
Pour un homme, ce qui est valorisé dans notre société, c'est la réalisation de soi, la confiance en soi, c'est montrer sa force, être compétent et indépendant, avoir du succès, c'est aussi l'agressivité et la témérité.
Le problème avec la «tapette», l'efféminé, c'est l'image qu'il projette. Un homme efféminé représente la fragilité, la douceur, une certaine vulnérabilité, des qualificatifs qui sont menaçants pour l'homme traditionnel, le gars «gars».

Nous nageons ici en plein cliché, autant que l'ont fait ces commentateurs sportifs.
Oubliez l'image que vous renvoie ces mots et relisez les objectivement:
ce qui est valorisé dans notre société, c'est la réalisation de soi, la confiance en soi, c'est montrer sa force, être compétent et indépendant, avoir du succès, c'est aussi l'agressivité et la témérité.
Confiance, force, compétence, indépendance, succès, témérité....
Et tout ces attributs seraient déplorables ? Qui ne rêve pas d'avoir tout ces attributs ?
L'auteur semble déplorer que ceux-ci soient valorisés... et pourtant.
Et mesdames, venez me dire que ce ne sont pas des attributs que vous valorisez !

Maintenant, regarder ce que l'auteur nous présente comme attributs, comme valeur égales aux précédantes:
Un homme efféminé représente la fragilité, la douceur, une certaine vulnérabilité, des qualificatifs qui sont menaçants pour l'homme traditionnel, le gars «gars».
Fragilité, vulnérabilité...
Hey les gars ! Est-ce vraiment ce qui vous allume chez une femme ? Est-ce que vous associez vraiment féminité avec fragilité et vulnérabilité ?

des qualificatifs qui sont menaçants pour l'homme traditionnel, le gars «gars».
Je ne penses pas que ce genre de macho se sentent menacé par les gars efféminés. ( pas même inconsciemment ).
C'est plutôt un genre de tribalisme qui les motivent: le plaisir si facile de s'affirmer en dénonçant ceux qui ne sont pas de la même gang..., ceux qui se démarque si facilement...
(on voit cette façon de faire continuellement avec les enfants dans les écoles... )

Cet auteur dénonce avec raison les commentaires de ces commentateurs sportifs, mais il le fait en nous offrant des clichés encore plus exécrables...
Il va même jusqu'à nous dire quelque chose du genre: l'homme est déplorable car il valorise la réussite et la réalisation personnelle tandis qu'il devrait apprécier la fragilité et la vulnérabilité.

Et bien non, pour moi, ces défauts qui sont attribués à l'homme, la femme doit les posséder aussi.
La vulnérabilité et la fragilité, ce sont des défauts... Et ceux qui recherchent ceci chez l'autre sont bien plus des êtres désirant s'affirmer par la domination que des gars 'ouverts' et 'progressifs'.

François.

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