dimanche 30 août 2009

Pourquoi on n'épargne pas

Bon texte de M. Claude Picher dans la Presse aujourd'hui: Pourquoi on n'épargne pas
Si on observe l'évolution des taux d'intérêt et du taux d'épargne depuis le début des années 60, tels que compilés par Statistique Canada, on est frappé par la corrélation entre les deux. À quelques nuances près, la courbe est pratiquement identique. Plus les taux d'intérêt augmentent, plus le taux d'épargne grimpe également, et l'inverse est aussi vrai.

C'est une évidence: lorsque les taux sont élevés, les gens, comme épargnants, ont intérêt - c'est le cas de le dire - à en profiter, et à augmenter leur effort d'épargne en conséquence: cela rapporte gros. Lorsque les taux sont bas, les mêmes gens, comme consommateurs, ne voient pas pourquoi ils laisseraient dormir leurs épargnes dans des comptes qui ne rapportent même plus autant que la hausse de l'indice des prix à la consommation: cela équivaut à s'appauvrir.
Dans ces conditions, mieux vaut consommer.

Mais il apparaît clairement, en observant les données des 50 dernières années, que les ménages épargnent ou consomment en fonction de l'évolution des taux d'intérêt. Ils sont loin d'être des irresponsables: au contraire, ils cherchent à profiter au maximum de la conjoncture.

Continuons le raisonnement de M. Picher pour voir où cela va nous mener...
Tous les spécialistes en finances personnelles vous diront qu'épargner, c'est investir dans sa qualité de vie.

Nous avons:
- Épargner est une bonne idée pour un individu.
- Il y a corrélation directe entre l'épargne et les taux d'intérêts. ( Corrélation explicable en plus )
- Non dit dans le texte mais que tout le monde sait: les gouvernements manipulent les taux d'intérêts et les tiennent au plus bas possible pour obtenir une croissance économique des plus hautes.

Donc nous y revoici...
Les gouvernements manipulent les taux d'intérêt pour obtenir une meilleure croissance économique. Mais cette manipulation a deux effets secondaires qui nous intéressent ici:

- Un taux d'intérêt bas crée des distorsions dans l'économie qui se matérialise sous la forme de bulles économiques, bulles qui causent les récessions lorsqu'elle crèvent. Voir: Les banques centrales savent qu'elles sont la cause de la récession.
- Un taux d'intérêt bas incite une société à s'appauvrir en rendant l'épargne non intéressante.

Il est très difficile de nier que laissé à lui même, le taux d'intérêt d'une société est une mesure inverse de sa richesse.
Le taux d'intérêt est alors fonction de la quantité d'épargne de cette société. L'épargne est la vraie richesse d'une société, c'est à dire que c'est la consommation potentielle. Plus une société a d'épargne, plus son taux d'intérêt sera bas.
Plus une société est pauvre, sans épargne, plus le taux d'intérêt sera haut.

Ce que font nos gouvernements est de fausser ce régulateur de marché en faussant le taux d'intérêt. Le résultat est qu'on s'appauvrie, qu'on consomme au delà de nos moyens.

A quand le seul débat qui est honnête dans un tel contexte ? C'est à dire celui qui cherchera à savoir si une société où le taux d'intérêt est maintenu artificiellement bas telle la notre est réellement mieux qu'une société où ce taux d'intérêt serait laissé à son taux naturel, celui qui reflète la richesse de cette société et indique aux citoyens le temps d'épargner vs le temps de consommer.

François.

4 commentaires:

Gilles Laplante a dit...

Je ne pense pas que la majorité de gens soit naturellement portée à économiser. Les gens consomment quand le coût du crédit est bas et se restreignent quand il est élevé. Vous êtes moins porté à changer d'auto quand le taux d'intérêt est à 10% qu'à 1%. De plus, l'intérêt sur l'épargne ne rapporte pas grand chose, le gouvernement s'empressant de prendre sa part par le biais de l'impôt ( et au Québec, ça peut signifier changer de taux d'imposition ).
Il est vrai que les gouvernements conservent les taux d'intérêt bas mais pas pour favoriser l'économie ( on sait que ce n'est pas ce qui se produit et qu'à long terme ça mène à des catastrophes ) mais pour inciter les gens à consommer ce qui leur permet de collecter les taxes à la consommation ( raison pour laquelle les gouvernements cherchent continuellement à les augmenter ).

Francois a dit...

Les gens consomment quand le coût du crédit est bas et se restreignent quand il est élevé.
Tout à fait d'accord mais c'est le même phénomène dit autrement.

mais pour inciter les gens à consommer ce qui leur permet de collecter les taxes à la consommation ( raison pour laquelle les gouvernements cherchent continuellement à les augmenter ).
Je suis en désaccord ici.
Réduire cette manipulation du taux d'intérêt à un simple appétit de taxes est un peu trop simpliste.
Derrière tout ceci, il y a la pensée Keynésienne qu'ont malheureusement adoptés la grande majorité des économistes de notre époque.

Quelle qu'en soit la motivation profonde des gouvernements, il n'en reste pas moins que ces taux d'intérêts bas sont acceptés par tous car ceux-ci créent une genre d'euphorie: l'argent coule à flot, la machine produit à plein régime.

Gilles Laplante a dit...

"Tout à fait d'accord mais c'est le même phénomène dit autrement."
Le résultat est le même mais la cause est différente. Vous n'avez jamais entendu des gens dire :"Ça sert à rien d'épargner ( pour la majorité des gens épargner ça sigifie avoir de l'argent dans son compte ou prendre des obligations d'épargne ) le gouvernement prend la moitié de mon intérêt"? Quand on veux économiser, il y a bien des façons de faire de l'argent sans se préoccuper des taux d'intérêts, surtout dans un période comme celle que nous connaissons.

Je suis d'accord avec que vous que les gouvernements sont dans le Keynésiannisme jusqu'aux yeux car c'est le meilleurs moyen pour acheter des votes, mais pour cela ça prend de l'argent et il n'y a pas de meilleur moyen que les taxes.

Tym_Machine a dit...

"Un taux d'intérêt bas incite une société à s'appauvrir en rendant l'épargne non intéressante."

Et le taux incite les banques à utiliser des techniques d'effet de levier (emprunter par exemple 1 million de dollars à taux très bas pour l'investir sur le marché de l'hypothèque) qui créent de dangereuses bulles spéculatives à l'origine du crash immobilier aux USA.

Tant qu'on ne laissera pas aller les cycles économiques par les interventions perverses de l'état, on ne fera que retarder l'inévitable qui ne fera que plus mal quand cela arrivera.