vendredi 4 décembre 2009

La gueguerre des % de réduction de CO2


Nous avons une petite gueguerre entre le Québec et Canada sur l'engagement à prendre comme réduction de CO2 pour Copenhague.

GES: le Canada doit s'aligner sur les États-Unis, dit Prentice

Le Canada vise une réduction de ses émissions de 20% d'ici 2020 en prenant 2006 comme année de référence.
Dans les faits, il s'agit d'une réduction de trois pour cent de ses émissions si l'on prend 1990 comme année de référence.

Les États-Unis ont annoncé une cible provisoire de réduction de 17% d'ici 2020, en prenant 2005 comme année de référence.

Quant au Québec, il s'est donné un objectif de réduction de 20% d'ici 2020, en prenant 1990 comme année de référence. Cette cible serait la plus ambitieuse en Amérique du Nord.

Bel exemple de sincérité tout ce cirque. Comment est-ce que quelqu'un peut s'y retrouver ?
10% de 2003, 14% de 1990, etc... Et comme personne ne connaît la quantité des émissions de son pays et encore moins la tendance de ces émissions entre 1990 et maintenant, personne n'est capable de savoir ce que cela implique.

Car, il ne faut pas se leurrer, cette façon de présenter des réductions de CO2 est totalement malhonnête ! 1990, 2003, le passé ne compte pas, la seule chose qui compte pour un citoyen est de combien l'utilisation d'énergie devra être réduite par rapport à aujourd'hui. Rien de plus.
Mais rien de moins non plus !

Toutes ces années de références ne sont qu'une façon bien malhonnête de ne pas dire le vrai chiffre. D'empêcher quiconque de réaliser ce que l'engagement implique.

On nous dit qu'il faut tenir compte de Kyoto qui avait 1990 comme référence, qu'il faut tenir compte des pays qui ont réduits leurs émissions depuis 1990, etc.
Foutaise !
Toutes ces années de références, oui, vous pouvez en tenir compte pour fixer l'objectif de réduction. Vous pouvez les présenter pour expliquer la cible visée si nécessaire.
Mais il n'y a qu'une façon honnête de présenter une cible à un peuple et c'est de lui donner la vraie valeur.
Et je suis certain qu'il aurait été possible de trouver au provincial aussi bien qu'au fédéral des gens étant capable d'effectuer avec certitude le calcul suivant: 20 + 15 = ?

Ce qu'il faut réaliser est que dans tout ce blabla de %, le Canada a augmenté d'environ 15% ses émissions de CO2 depuis 1990. ( Le Québec doit suivre de très près, mais impossible de trouver ce chiffre... ). Donc une réduction de 3% de 1990, cela veux dire une réduction d'environ 18% ( de maintenant ).
Le Québec, fier vert, se gonfle le torse et clame haut et fort: 20% de 1990 !!
C'est environ 35% de réduction des émissions d'aujourd'hui...
Noble peuple ? Ou gang innocent ?
(Je vais essayer de répondre à cette question plus loin dans le texte )

C'est beaucoup 35%? Même pas !, nous dit M. Charest qui se propose d'en remettre si quelqu'un accote sa mise !
( Peut-être qu'il serait bon de lui rappeler que ce n'est pas une partie de Risk ici mais bien de nos vies qu'il est question ! Qui l'a fait ? Personne ..... )

Et pour terminer sur ceci, ne perdez pas de vue que toutes ces réductions sont pour 2020. C'est dans 10 ans et 1 mois....

Est-ce que vous savez vraiment ce que vous signez ?
Qui sait réellement l'engagement qu'il prend en signant une réduction de plus de 30% des émissions de CO2 dans 10 ans ?
Ce protocole n'est pas un sondage de votre «verditure» ( oui ca existe pas mais ca sonne bien dan le context... ). Ce n'est pas un sondage d'intention.
Ceci est un engagement, un feu vert à notre gouvernement d'appliquer toute mesure qu'il juge nécessaire pour arriver à cet objectif.

Personne du gouvernement n'a encore présenté un portrait réaliste de comment nous ferons pour arriver à une telle cible. Des brides de beaux concepts, des éoliennes, des emplois verts, l'obligation des pollueurs de moins polluer...
Est-ce un plan ? Non ! C'est de la pub.

Alors, c'est quoi un réduction de 30% des GES dans 10 ans ?
C'est pas de la petite bière....

Un premier point que le Québec ne semble pas avoir réalisé est qu'il est un des pays pour lequel les réductions seront les plus difficiles. Pourquoi ? Parce que la quasi-totalité de notre électricité est produite avec l'hydro-électricité.
Le dada vert est de construire des éoliennes et des parcs de panneaux solaires. Mais ici, nous auront beau construire autant d'éoliennes que nous désirons, ceci n'aura aucun effet sur nos émissions.

Par contre, prenez tous les secteurs qui produisent du CO2: l'auto, le transport commercial, l'avion, les industries, le chauffage ( résidentiel et commercial ) pour ceux qui sont à l'huile ou au gaz naturel, l'agriculture, l'exploitation des ressources, etc, etc....
Et bien, pour arriver à une réduction de 30%, il faut que tous ces secteurs réduisent de 30% leurs émissions.
Le mouvement vert nous dit que ces émetteurs de CO2 n'auront qu'à rationaliser leur utilisation d'énergie, que se convertir à de l'énergie verte et bingo !
Pas si simple que cela !

Vous connaissez des avions hybrides ? Des camions de livraison électriques ?
Vous chauffez à l'huile, vous avez 10 ans pour vous convertir à l'électricité. Vous savez ce qu'il vous en coûtera ?

Et tout ces secteurs ne pouvant réduire leurs émissions en refilent la tache aux autres secteurs. Par exemple, l'aviation a le choix de réduire ces vols de 30% ou de refiler cet engagement par exemple au transport automobile qui devra alors atteindre une cible de 40 ou même 50% pour conserver la cible globale de 30%. Et ceci, dans 10 ans.

Évidemment, une réduction de 30% de trafic aérien ferait l'affaire mais ceci a évidemment un impact sur des milliers d'emplois et des centaines d'entreprises.
Est-ce vraiment ce que vous voulez: une réduction de la richesse du pays, la fermeture de milliers d'entreprises, une augmentation du chômage ?

Nous allons compenser par des emplois vert nous chantent les gouvernements et les écolos.
Mais quelqu'un sait ce qu'est un emploi vert ? Moi non plus.
Quoi que soient ces emplois, que vont produire ces gens ? Qui va les payer ?
Le gouvernement ? Avec quel argent ? ( ne répondez pas ici... )...
Toute ceci est évidemment de la frime.


Pour nous forcer à être vert, le principal outil que se propose d'utiliser le gouvernement est la bourse de Carbone.
Ho !, Alors, c'est pas grave, moi je ne joue pas à la bourse donc cela n'a aucun impact sur moi...
FAUX !
La bourse c'est l'outil idéal pour notre époque: le citoyen n'y comprend rien, les PME non plus, les gros joueurs de l'énergie sont d'accords car ils pensent pouvoir tirer leur épingle du jeux et ce, avantageusement ( rappel: ENRON était pro bourse de carbone et pensait y faire une fortune ! ).
Et les gouvernements de leur coté, que cela fonctionne ou non, pourront s'en sortir blanc comme neige en accusant la cupidité du capitalisme ou quelque chose du genre en cas d'échec ou de dérive.

Si l'on se fie à l'expérience de l'Europe, la bourse de Carbone ne fonctionne pas trop bien.
Mais il ne faut pas perdre de vue qu'il est bien possible qu'ici, les gouvernements réussissent à la faire fonctionner. Assumons que cette énorme machine fonctionne, qu'arrive-t-il ?

Et bien, le coût de l'énergie que nous utilisons ( le pétrole et le gaz en particulier ) est alors soumis à un marché hautement spéculatif, à la merci de la manipulation des gouvernements cherchant à obtenir les cibles de réductions, à la merci des entreprises qui spéculeront sur le carbone dans le but de le vendre à plus haut prix à ceux qui en ont besoin, à la corruption qu'il risque d'y avoir dans un tel jeu où la quantité d'argent et la virtualité de l'exercice en sont des appâts difficile à ignorer.

Ceci c'est la bourse de carbone...
Mais quel est le lien entre cette bourse de carbone et les réductions d'émissions de CO2 ?
Et bien, c'est simple, il FAUT que le prix du pétrole monte tellement haut que vous serez tous obligés de respecter les cibles prévues...

Quel est ce prix cible ? Personne ne le sait.
Et quel sera le prix réel ? Personne ne le sait non plus car celui-ci sera déterminé par cette belle bourse de carbone.
Mais pour arriver à une cible de 30% ( et plus comme nous l'avons vus avant ), il faut que ce montant soit si haut que 30% du trafic automobile soit abandonné. Si haut que la majorité des gens abandonnent leur automobile et s'achètent une hybride ( ou une auto 100% électrique mais comme celle-ci n'existe pas encore, c'est difficile à considérer comme une option d'ici 2020 ).
Si haut que plusieurs gens optent pour le transport en commun. Et rappelez-vous que la cible est pour 2020. Qui pense que le transport en commun, que le train de banlieue est capable de s'adapter à une hausse significative de la demande d'ici 2020.... De longues files d'attente en perspective...

Quel est ce prix encore ?
Impossible à déterminer mais croyez-moi, il est très élevé !
C'est que passé le choc initial d'une hausse du coût de l'essence, les gens réajustent leurs valeurs, font des concessions du genre «sauter un souper au resto» pour faire le plein, les dépenses de luxes sont laissées au profit des besoins de base.
Et la mobilité, l'essence dans l'auto est une valeur de base pour une très grande majorité des Québécois.

Je ne sais pas combien doit être le prix du litre d'essence pour réellement changer les habitudes des gens mais celui-ci est au dessus de 2$ pour sur....

Qui va payer cet essence ? Héhé... Vous !
Qui va sortir pour protester contre les pétrolières lorsque le pétrole sera à 2$ ou 3$? Oserez-vous ?

Ou ira tout cet argent perçue de vos poches pour vous sauver de vos mauvaises habitudes ?
Partout sauf dans vos poches !
Une partie de cet argent sera avalé par les spéculateurs de la bourse de carbone.
Une grande partie ira dans la sacoche du gouvernement.
( Quoi ? Vous pensiez que le gouvernement était VERT par conviction ? Qu'il signait ce protocole pour ce qu'il représente ? SVP !... )

Et pour ceux qui considèrent la richesse d'un pays par la richesse d'un gouvernement, sachez que le protocole de Copenhague prévoit le transfert de somme importantes vers les pays pauvres.
Combien ? Personne ne le sait. L'ONU demande plusieurs milliards par an... Qu'en sera-t-il ?
Soyez certain que vous ne le saurez pas.... Pas avant d'avoir signé.
Voyons donc, la cause est tellement bonne qu'il est méchant de se poser de telles questions....

Alors, vous le signez ce protocole ?

Vous pouvez être pro-écolo ou non, cela ne chance rien à ce que signifie la signature de ce protocole.
Je suis curieux d'entendre ceux qui sont pour cette signature. Je veux vous entendre me décrire ce que celui-ci implique si vous êtes en désaccord avec mon analyse. Et pour ceux qui sont d'accord, expliquez-moi comment vous faites pour signer quand même...

François.

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