dimanche 25 janvier 2009

M. Alain Dubuc, l'homme qui ne voit pas bien loin ?

Bien drôle d'article de M. Alain Dubuc dans la Presse aujourd'hui:  L'homme qui revient de loin

Ce qui nous y est présenté est une critique du dernier budget conservateur vue pas un Keynesien pur et dur. En fait, M. Dubuc se concentre tellement à attaquer M. Flaherty directement qu'il en oubli toute argumentation dans ces critiques, assumant ainsi, comme plusieurs de nos économistes et politiciens que vous ne pouvez être en désaccord avec ce qu'ils considèrent comme la «vérité».

Et bien M. Dubuc, je vous présente ici une base pour l'argumentation.
Selon vous le dernier budget était inacceptable pour les trois raisons suivantes:

1- Les baisses du fardeau des contribuables ne peuvent être positives.
Premièrement, une fiction partisane: le ministre affirmait que les baisses d'impôt des années précédentes, comme la TPS, pouvaient jouer un rôle de stimulation, un non-sens économique.
Ce que proposent les gouvernements est de prendre l'argent des gens et de la réinvestir dans l'économie ( sous la forme de projet d'infrastructure et autre). 
Ce que fait une baisse du fardeau fiscal est de laisser de l'argent au gens pour qu'ils puissent la réinvestir dans l'économie ( sous la forme de projet d'entreprise ou sous la forme de crédit (réel), d'argent en banque disponible pour les projets des autres ). 

Quelle est la différence ?  
Si vous voulez attaquer ce principe, vous devez attaquer la différence. C'est à dire que: est-ce que le gouvernement est mieux placé que le marché pour investir où sont les meilleures options du marché ?
Si vous pensez qui oui, le gouvernement est mieux placé, alors pourquoi celui-ci l'est uniquement en temps de ralentissement économique ? A moins que vous ne pensiez qu'une économie centralisée, socialiste serait la meilleure option en tout temps ?

On entends souvent que le gouvernement doit se dépêcher de dépenser dans l'économie parce que les effets prendront du temps à se faire ressentir.  
Et bien, justement, l'allégement fait aux contribuables l'an dernier, dans cette optique ne peut être néfaste, bien au contraire, il tombe juste à point.


2- L'inaction est inacceptable.
Deuxièmement, une inaction inacceptable: M. Flaherty ne proposait strictement rien pour stimuler l'économie. Pourtant, une récession, même légère, aurait exigé une intervention vigoureuse.
Il est bien loin d'être certain qu'en temps de ralentissement économique, dépenser à gauche et à droite, contre toute logique de base, est une solution miracle. 
Qu'est-ce que cette crise économique ? Ce sont des secteurs de l'économie qui s'écroulent suite à une manipulation et/ou illusion collective sur la valeur et le potentiel de ce secteur ( ici, dans notre cas, c'est le crédit et l'immobilier ).
La méfiance et la prudence sont des vertus lorsque tout bouge ainsi. Chacun doit être attentif aux messages du marché et réagir en conséquence. Quelle sera l'impact sur mes exportations aux US, quelle sera la baisse de clientèle, quel sera l'impact sur mes matières premières,etc.
Bouger dans l'ignorance est le plus gros risque à prendre ici et c'est pour cela que l'économie ralentie: tout le monde attends pour voir l'impact personnel de cette restructuration du marché.

Ce ralentissement va durer le temps que les mauvais investissement disparaissent et que les autres «joueurs» s'ajustent en conséquence. Jusqu'à ce que la majorité des gens aient confiance aux messages du marché (ie: offre et demande ) et réagissent en conséquence par la suite.

Qu'est-ce que les gouvernements peuvent faire dans cette situation ? Pas grand chose. ( Ils auraient pu éviter de créer la situation mais c'est un autre sujet )
Ce qui est proposé est de tromper tout le monde en faisant croire aux investisseurs que tout est beau et que toute prudence et méfiance est maintenant superflue. Mais évidemment, seul les journalistes sont assez dupe pour croire à cela ( sorry M. Dubuc, cheap shot je l'avoue... ) . Tout investisseur sensé sait maintenant que l'argent qui tombe du ciel est un faux signal du marché. Oui, ils l'attraperont si celle-ci est à portée de main mais personne ne va utiliser ceci comme un signal réel du marché. 

C'est ce qui est décrié partout: que les gens utilisent l'argent créé par le gouvernement pour rembourser leur dette et consolider leur position. Évidemment !, le monde n'est pas fou, personne ne va prendre ceci comme un signal d'une hausse de la demande et investir dans l'agrandissement de son usine par exemple. ( L'illusion de l'argent facile marchait avant la crise mais maintenant, tout le monde est plus méfiant et la petite «game» ne fonctionne plus. )
Quelle que soit l'argent lancée dans l'économie, tout le monde va attendre que la poussière retombe et s'assurer que le signal du marché soit crédible avant de s'aventurer dans un investissement risqué. ( Que ce soit un auto ou une nouvelle usine )
Et malheureusement, toute manipulation du marché par les gouvernements, aura pour conséquence probable de retarder ce jour où les gens auront confiance en celui-ci.

Ce qui est demandé par tous sont des investissement en infrastructure.
Ceci est selon moi un bel exemple de compromis tourné en idéologie aveugle.

Pourquoi investir dans les infrastructures ?
L'idée est la suivante: puisque le marché a besoin de temps pour se replacer et redonner confiance aux gens, pourquoi ne pas profiter de ce temps mort pour faire les travaux d'entretien nécessaires qui de toute façon étaient à faire. 
Puisque la main d'oeuvre est probablement plus disponible et (en théorie) à moindre coût, et que cet argent dépensé aura pour effet de «soutenir» la demande dans certains secteurs, c'est le meilleur moment de faire ces travaux.
Mais voila, cette idée a été transformée en l'idéologie suivante qu'il faut à tout prix faire des projets d'infrastructure pour se sortir d'une crise économique. 
Rien n'est plus faux. Si un projet était inutile ou non nécessaire, aucune logique ne peut changer ceci: il sera encore inutile et non nécessaire. Tout ce que les gouvernements réussiront à faire est de lapider de l'argent dans des projets inutiles ( au détriment d'une reprise économique plus rapide ). Les investissement en infrastructure ne vont pas faire disparaître les erreurs d'investissement du marché et faire apparaître la confiance des gens en celui-ci.
Le ralentissement économique n'est juste qu'une bonne opportunité de réaliser ceux-ci. Il ne faut pas inverser le tout et penser que c'est le remède. 
   
Rien n'est plus épeurant qu'un gouvernement qui a 30 milliards de dollars en main et se demande où les dépenser avec comme principe que cet argent doit être dépensé le plus rapidement possible !


3- Réduire les dépenses du gouvernement est mauvais.
Troisièmement, pour empêcher un déficit, le ministre proposait une stratégie de réduction des dépenses de 15 milliards de dollars. Exactement le contraire de ce qu'il faut faire quand l'économie ralentit.
Évidemment, réduire les dépenses pour éviter un déficit est idiot, non ?..... Heuu... quoi ?
Ok, ce que M. Dubuc nous dit est que la logique et le bon sens ne s'appliquent plus lorsque l'économie ralentit.
Vraiment ?
M. Dubuc ne précise pas son idée et semble assumer que seul M. Flaherty l'ignore.
La logique semble être que toute dépense faite par le gouvernement est nécessairement bonne en temps de crise et qu'il n'est aucunement le temps de se poser la question de ce qui est fait avec cet argent.
Premièrement, réduire les dépenses gouvernementales a évidemment pour effet de réduire le fardeau fiscal. ( Voir le point 1 pour les avantages ).
Et même si vous pensez que c'est absolument nécessaire d'investir à plein dans les infrastructures, ne serait-ce pas justement une bonne idée que ce gouvernement fasse l'opération de rationaliser ses dépenses dans d'autres secteurs qui seraient moins bénéfiques économiquement ? En d'autre mots, mieux économiser pour mieux dépenser....


Non, M. Dubuc, votre point de vue ne tient pas la route si celui-ci n'est pas accompagné d'argumentation le justifiant. De vous appuyer sur le blabla collectif des média pour justifier votre point de vue n'est pas à votre hauteur.  Vous semblez jouer la carte du consensus pour faire avancer vos idéologies Keynesiennes pro-interventionaliste, et misez sur le fait que la majorité des gens ne sont pas bien informés en principes économiques pour critiquer.

Ce que je vous demande est d'expliquer vos points de vues autrement qu'en faisant appel au gros bon sens.

François.

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