dimanche 25 avril 2010

Economie: enfin, la lumière! ... Vraiment ?


Enfin, la lumière!

Statistique Canada a publié hier deux indicateurs importants: l'indice des prix à la consommation pour le mois de mars et le résultat des ventes au détail pour février.

Normalement, c'est l'indice des prix à la consommation qui devrait retenir l'attention, et c'est normal: le taux d'inflation est une notion facile à comprendre, et qui nous apprend dans quelle mesure notre pouvoir d'achat a changé au cours du mois.
Cela touche directement notre portefeuille.
Cette fois-ci, c'est différent. La nouvelle du jour, la grande nouvelle peut-on dire, nous vient des chiffres sur le commerce de détail.
En février, les ventes au détail au Canada ont atteint 36 milliards de dollars, en hausse de 0,5% par rapport au mois précédent. C'est la troisième progression mensuelle consécutive, et elle s'inscrit dans la tendance à la hausse des 12 derniers mois.
Si on regarde les chiffres sur une plus longue période, on s'aperçoit que ce montant de 36 milliards a pratiquement rejoint le niveau d'octobre 2008, c'est-à-dire juste avant la récession. En fait, il ne manque que 430 millions pour combler l'écart.

Enfin, on nous annonce clairement la lumière au bout du tunnel. La bonne nouvelle est là.
Désolé mais je ne peux partager cet optimisme...

Cette façon de définir la richesse d'un peuple par sa consommation est troublante. Quiconque y pense deux secondes ne peut accepter ceci.
Votre richesse personnelle n'est pas fonction de ce que vous dépensez (consommez) mais bien de ce que vous gagnez. Si vous dépensez plus sans augmentation de votre avoir, c'est que vous vous endettez... C'est facile à réaliser non ?
Selon quel principe en est-il différent pour un ensemble de citoyens ? Pour l'économie d'un peuple ?
Ce que ces économistes nous disent est que si la consommation augmente, la demande sera plus forte et donc, la production suivra.... Et voilà, l'économie est repartie.
C'est vraiment prendre le problème par le mauvais bout.

Est-ce si difficile de voir que dans un monde où justement les taux d'intérêts sont artificiellement bas, les gens consomment plus mais ce n'est pas parce qu'ils ont plus à dépenser mais bien qu'ils le font à crédit. Les gens s'endettent pour profiter de cette manne d'argent à bas prix.

Traditionnellement, ce sont les marchés d'alimentation (excluant les dépanneurs) qui constituent le poste le plus important du commerce de détail. Ainsi, en février, leurs ventes ont atteint 6 milliards, ou 16,7% des ventes totales.
Or, toujours pour le même mois, ce sont les concessionnaires automobiles (véhicules neufs seulement) qui emportent la première place, avec 6,2 milliards, ou 17,1% des ventes totales.Il y a évidemment une différence entre l'épicerie, une dépense récurrente et essentielle, et l'acquisition d'une voiture neuve, une dépense importante (souvent la plus importante après l'achat d'une maison) qu'on ne fait pas à la légère, et surtout pas quand on envisage l'avenir avec pessimisme. Or, en février comme au cours des 12 derniers mois, les ventes de véhicules neufs ressortent comme la véritable locomotive du commerce de détail. Clairement, la confiance des ménages revient.
Donc, les gens se sont précipités pour acheter des voitures neuves avant que les taux d'intérêts n'augmentent.
Qui paye son automobile cash ? Peu de gens...
Cette augmentation de la consommation est bel et bien ici une augmentation de l'endettement et non une reprise de l'économie comme le laisse croire certains.

On dira que maintenant que les concessionnaires ont plus d'argent, cet argent sera dépensé dans l'économie, ce qui fera hausser la demande et créer de l'emploi.
Mais êtes-vous si certain ? Moi je vous dit que ce n'est qu'illusion....

Si c'était si facile, une banque centrale pourrait imprimer de l'argent et la distribuer en la lançant du haut d'un hélicoptère... Les citoyens dépenseraient cet argent et oups, par magie, la demande serait à la hausse et l'économie serait repartie...
( C'est d'ailleurs l'image que la FED a donnée pour illustrer les «mille-milliards-de-mille-dollars» qu'elle a imprimée depuis un an. )


En ce qui concerne les prix à la consommation, Statistique Canada rapporte une inflation zéro en mars. Cela a pour effet de diminuer le taux annuel d'inflation à 1,4%, comparativement à 1,6% en février.
Sans refaire un cours complet sur l'inflation, ce qu'il faut réaliser ici est que tout cet argent créée par le crédit quasi-gratuit est allée dans l'immobilier et dans les automobiles. Il n'est pas encore vraiment en circulation dans notre économie.
Et donc, nous ne nous sommes pas encore rendu compte que notre dollars avait perdu de sa valeur. Une fois que ceci est réalisé, la hausse des prix est inévitable. La hausse de l'un entraine inévitablement une hausse chez celui qui dépend de ce produit, et ainsi de suite...


Il faudra maintenant attendre les chiffres d'avril pour entrevoir ce que fera la Banque du Canada sur le front des taux d'intérêt. Cette semaine, les autorités de la banque ont reconduit le taux directeur de 0,25%, mais doivent se réunir de nouveau le 1er juin, c'est-à-dire quelques jours après la publication des chiffres d'avril. Moins l'inflation est élevée, moins les chances d'une hausse de taux le sont aussi.
C'est bien le problème de la Banque du Canada (et de tous les banques centrales): elle ne considère que la hausse des prix pour mesurer les dommages qu'elle cause à notre économie.
Mais le crédit bas est la principale cause d'endettement d'une société.

Une société qui s'endette avec de l'argent fictive ne peut échapper à la réalité qui est l'inflation.
Il est impossible d'y échapper, c'est l'inflation qui nous attends au bout de ce chemin, tôt ou tard.

Mais il y a pire encore sur ce chemin: parfois, cette inflation n'est pas visible car l'argent créée s'accumule principalement dans des investissements en capital ( machinerie, immeuble, habitations ). Tous ces gens s'endettent en pensant le faire dans une économie à forte croissance, ils investissent dans la machinerie pour répondre à la demande à la hausse, ils s'achètent des maisons parce que l'économie va bien, parce qu'ils considèrent leur situation stable et solide.
Ils s'endettent pensant répondre à la richesse de la société et n'ont aucun moyen de réaliser que tout le monde fait exactement la même chose !
Ils n'ont aucun moyen de réaliser que cette société d'endette au delà de ses moyens au lieu de croitre comme ils le pensent.

Mais tot ou tard, les gens commencent à réaliser qu'ils se sont trompés et que leurs clients sont aussi endettés qu'eux. Tout le monde commence à voir que cette richesse économique qu'ils croyaient réelle n'est qu'illusion.
Et tout s'écroule rapidement !

Pourquoi tant de gens font cette erreur en même temps ? Comment est-ce possible ?
L'avarice (greed) nous disent certains, la malhonnêteté des banquiers nous disent d'autres.
Mais ce sont les conclusions auxquelles on n'arrive que si l'on analyse superficiellement la situation.

Car la vrai raison est parce que la seule métrique permettant de réellement mesurer la richesse réelle d'un pays à été faussée par le gouvernement ( via sa banque centrale ). Cette métrique, c'est le taux d'intérêt.
Dans un monde où le taux d'intérêt n'est pas manipulé, celui-ci reflète la richesse réelle d'un peuple, son capital. Plus les gens épargnent au lieu de consommer, plus cette société est riche. Plus celle-ci est riche, plus elle est capable de prêter à un bas prix. Lorsque l'épargne commence à baisser, les banques auront moins d'argent à prêter et le taux d'intérêt augmentera.

Mais dans notre charmant monde, le gouvernement manipule continuellement le taux d'intérêt. Et la seule métrique que ces banques centrales utilisent pour calmer sa création d'argent est l'inflation. Tant qu'il n'y a pas d'inflation, ces banques considèrent qu'elles ont le feux vert pour tenir les taux d'intérêts le plus bas possible.
C'est une grave erreur !

Dans cette situation, tout le monde s'endette, pensant que la richesse sera au rendez-vous bientôt. La société roule nettement au dessus de ces moyens réels mais comme le gouvernement force le taux d'intérêt en dessous de ce qu'il devrait-être, personne n'a les moyens de s'en apercevoir.
Et la banque centrale n'y voit elle aussi que du feux car l'inflation (ie: la hausse des prix ici) n'est pas au rendez-vous.
Ho!, il y a bel et bien une hausse de prix mais celle-ci est souvent très localisée (on appelle cela une bulle... :) ).
Et comme cet argent est investie principalement dans des bien de capital (biens de production, habitations, immeubles, etc), cela prend plus de temps avant que tout ce nouvel argent se retrouve dans l'économie en général et y cause de l'inflation.

Et sans la récession (crash, dépression, appelez cela comme vous voulez) qui survient dans la plupart de ces cas, ce serait l'inflation qui serait au rendez-vous tôt ou tard, lorsque tout cet argent serait vraiment en circulation dans l'économie.

Inflation et récession, c'est ce que nous offre ces gens qui manipulent l'argent et les taux d'intérêts.

Et tout ces gens qui veulent règlementer le capitalisme (un bien grand concept) pour éviter ces cycles sont dans l'erreur. Toutes les solutions qu'ils proposent sont de la frime.
Oui, plusieurs propositions misent sur la table auraient pu amoindrir les impacts de cette dépression, certaines auraient même pu l'éviter, qui sait.
Mais toutes ces solutions, tous ces réglementations ne s'attaquent qu'aux conséquences perceptibles du vrai problème. Il est bien naïf de croire qu'en réglementant une conséquence, le problème sera réglé. La prochaine fois, le problème va simplement se manifester différemment.

Ce qu'il faut est de s'attaquer au vrai problème. Et si vous tenez à réglementer quelque chose pour que celui-ci ne se reproduise plus, la solution est simple: il faut réglementer la manipulation de l'économie par le gouvernement.
La seule solution réelle est d'interdire la manipulation de l'argent et des taux d'intérêts par notre gouvernement.
Ces gens nous font croire qu'ils stimulent la croissance économique en créant et prêtant de l'argent à un taux dérisoire. Mais on vois bien que ce qu'ils créent est une illusion et que les conséquences à payer pour cette illusion sont très douloureuses.

Et comme c'est souvent le cas, ces gouvernements s'en tirent en accusant à gauche et à droite pour détourner l'attention. Lorsque je vois les Obama et Sarkozy de ce monde nous chanter que la solution est dans la réglementation du capitalisme, je vois le pyromane qui crie «au feu» avec la foule !

Finalement, pour revenir à notre sujet, non M. Picher, je ne crois pas que ceci est de la lumière...
Nous avons une bulle immobilière et quelque chose qui ressemble quasiment à une bulle «automobilière»...
S'il y a lumière, celle-ci est plutôt rouge.

François.

1 commentaire:

Tym_Machine a dit...

"Votre richesse personnelle n'est pas fonction de ce que vous dépensez (consommez) mais bien de ce que vous gagnez. Si vous dépensez plus sans augmentation de votre avoir, c'est que vous vous endettez... C'est facile à réaliser non ?"

On fait abstraction également du fait que lorsqu'on est très très endettés, la faillite nous guette et est une réalité très imminente et concrète pour bien des gens, sauf certains au gouvernemaman qui vivent sur une bulle utopique