lundi 16 mars 2009

Frederic Morton: soyez imbécile heureux.

Frederic Morton nous offre un texte dans le LA-Times faisant la promotion de la petitesse humaine: Un plus petit rêve américain
A smaller American dream

Pour commencer, lisez cette phrase:
L'obsession des Américains pour la réussite les a menés tout droit à la crise économique actuelle. Ils devraient revenir à des aspirations plus simples

Ok, relisez la et demandez vous qu'est-ce que cela veut dire.
Ce que cette phrase nous dit est ceci: viser la réussite mène droit à l'échec. Visez moins et vous serez heureux.

JAMAIS !
Ceci est la promotion du «moins humain». Ne cherchez pas à vous dépasser, assoyez vous et contentez vous de ce que vous avec la chance d'avoir. C'est dénigrer l'intelligence humaine, c'est... c'est ... ( les mots me manquent si je veux rester poli... )

En lisant plus loin dans le texte du LA-times, il apparaît de façon très claire que M. Morton n'a rien compris de ce qu'il appelle «le rêve américain».
Pour M. Morton, le rêve américain ce résume à ceci:
[...]they couldn't resist the common pressure -- higher, bigger, more -- driving them to their folly. Many of them knew better; none could resist the boundless compulsion of the American dream.
Donc pour lui le rêve américain est le dépassement de soi.
Ceci lui permet donc de nous dire en tout confiance que le dépassement de soi est mauvais puisque celui-ci mène à une forme d'égoïsme destructif.

Et bien non M. Morton, vous vous trompez sur toute la ligne.
Premièrement, le rêve américain n'est pas le dépassement de soi.
Le «american dream» est la notion que les citoyens d'une nation peuvent y vivre totalement libre et responsable de leur actes. Les deux mots clés sont: liberté et responsabilité.

Tout le monde sur la terre aspire à un dépassement de soi. La seule différence est que l'Amérique le permet pleinement et en est fière.

D'attribuer le désir de se dépasser à la cause de la crise économique est une aberration.
Oui, l'Amérique c'est plantée ( et le monde entier aussi ) et a laissé venir cette crise, mais c'est plus par manque d'esprit critique et de contact avec la réalité que par excès d'estime personnelle.

Les gens comme vous qui dénoncent la force de l'humanité: la raison et la «drive» ( l'estime de soi et le besoin de se surpasser ) sont en fait la principale cause du vide philosophique de notre monde. Vous faites la promotion du néant, du vide intellectuel, de la négation du sens de la vie.
Je vous déteste de tout mon coeur !

François.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour,
Je venais de lire l'article que vous commentez et je trouvais qu'il sonnait si juste dans ce moment de grande crise que je voulais réagir. C'est en tapant Frederic Morton sur Google que je suis tombé sur votre blog. Pensant y trouver un écho à mes réactions, quelle ne fut pas ma tristesse de voir l'analyse que vous faite de cet article qui m'avait tant emballé. Je voudrais vous rassurer avant toute chose, sur la modération de mes idées. Je suis contre tout extrême, qu'il soit économique ou religieux, de droite ou de gauche. Je suis contre les idéologies mais pour l'ouverture. Je peux donc comprendre votre réaction, surtout quand on s'attriste des contraintes de notre morale européenne, comparée à cette fabuleuse liberté que représente le rêve américain. J'ai longtemps été réservé et il m'a fallu mûrir pour enfin être fier de moi. J'en veux un peu à mon éducation dans la morale catholique non pratiquante et c'est ce que je combats avec mon épouse dans l'éducation de nos enfants. Qu'ils soient fiers, qu'ils n'aient pas peur de réussir ce qu'ils entreprennent, nous devons donc nous rejoindre là dessus, j'espère. Mais sans ignorer ou écarter l'autre, trouver son bonheur mais pas au détriment des autres. Cela ne veut pas dire qu'il faut s’épanouir uniquement dans l'entraide, mais au moins être responsable de ses actes et être conscient de l'existence des autres. Et il me semble que c'est le message que veut faire passer Mr Morton. Pour tout vous dire, j'ai eu un déclic dans ma recherche de liberté, d'épanouissement, à la lecture du discours d'intronisation de Nelson Mandela qui dit en substance, qu'il ne faut pas avoir peur de sa propre lumière, qu'elle n'est pas dangereuse pour les autres mais qu'au contraire, si on ne se diminue pas soi même et si on recherche le dépassement de soi, les autres profiteront de notre lumière et feront de même. J'imagine que finalement, c'est ce que vous voulez dire, en réagissant à l'article. Vous y voyez une critique du dépassement de soi et une tentative de moraliser ce rêve qui justement nous est indispensable?
Pourtant Frederic Morton ne dit pas le contraire, moi même je ne pense pas me contredire. Mr Morton ne combat pas le rêve américain, il en fait parti, il est en plein dedans, il se pose simplement des questions. Je dirais qu'il n'y a rien de plus sain, de plus vitale, de plus utile, jusque dans l'économie capitaliste,si vous êtes vous même entrepreneur, mieux vaut se poser les bonnes questions pour rebondir, n'est-ce pas?
Dans l'article, il se demande simplement si finalement, le rêve américain ne s'est pas emballé, si la quête de l'extraordinaire et de l'extrême comme une obligation pour tous, ne nous envoie pas au contraire dans le mur de la crise mondiale actuelle, loin de ce à quoi l'on aspire tous, le bonheur. Il se demande en substance, s'il ne faudrait pas un rêve à plusieurs vitesses, que certains aient le droit d'être moins ambitieux sans pour autant que celoi soit vouloir profiter du système. On oppose toujours les rêveurs d'amérique aux fainéants mais les millions de gens dans la rue, aux USA comme en Europe, en Afrique ou en Asie, ne veulent-ils pas un travail tout simplement? Qu'il y ait des profiteurs, dés empécheurs de tourner en rond, bien sûr, mais la grande majorité ne veut pas autre chose que "les meilleurs": travailler et gagner de l'argent.
Dans sa conclusion, Frederic Morton dit, « Avons-nous le courage de nous libérer de notre fixation sur l’exceptionnel ? Devrions nous rêver en moins grand ? Somme-nous capable d’abandonner cette obsession qui fatalement tourne à la dépression ? ».
C'est bien la preuve qu'il se s'exclue pas du rêve américain,il se demande simplement si "modération", "équilibre", "partage", "collectif", loin d'être des insultes, ou la négation de la liberté de chacun de réussir, ne grandirait pas encore plus ce rêve américain que tout le monde admire?
J'espère pouvoir continuer à en discuter avec vous et merci pour votre texte qui m'aura permis de réfléchir encore un peu plus sur ces questions.
Cordialement,
Frédéric, Languedoc, de passage à New York.

Francois a dit...

Merci pour le commentaire Frédéric.

Vous attribuez bien des maux à un simple concept, l'American Dream( life, freedom and the pursuit of happiness ):

- Ceci si incite à la quête de l'extraordinaire et de l'extrême.
Certainement et c'est tant mieux. Comment imaginer une société ou les gens ne cherchent pas à se dépasser, à faire plus, plus beau, meilleur,... librement selon ces rêves.
Personne n'est forcé à agir ainsi, libre à chacun de se définir.
L'alternative dans ce domaine, c'est le socialisme où c'est le collectif ou l'état qui décide des rêves des gens.
Un juste milieu me direz-vous ? Comment ceci peut-il exister ? Vous êtes libre ou vous l'êtes pas.
De dénoncer cette liberté sous prétexte qu'elle ne fait pas à tous est très dangereux.
De dénoncer que cette «drive» de réaliser ces rêves, aussi extrêmes soit-il devrait-etre contrôlée sous prétexte que certain n'y réussissent pas est niveler par le bas.

- De déclarer que c'est l'avarice qui est responsable de la crise est plutôt faible comme argument. Avarice (greed) qui ici est associé à l'American Dream, comme si une société ayant moins d'estime d'elle même ne serait pas tombée dans ce piège.
Le capitalisme n'est pas basé sur la modération mais bien au contraire, sur la volonté qu'ont la presque totalité des gens de réussir, de se dépasser et d'être récompensé en conséquence, d'améliorer son sort, son bien-être.
Durant une transaction, tout le monde cherche à y tirer le meilleur pour son interet. Qui a déjà refusé d'acheter un item parce qu'il trouvait que le prix etait trop bas et qu'il ne désirait pas avoir la faillite de l'autre sur la conscience ? Personne de sensé.

C'est le gouvernement, en gardant artificiellement les taux d'interets trop bas par rapport à la richesse de la société qui ainsi pompe de l'argent fictif dans l'économie. Et ceci, comme tous s'en sont rendu compte: il est bien difficile de se rendre compte de cela ( Tout le monde c'est fait prendre les culottes baissées ).
Pourquoi, parce que la meilleure métrique pour savoir si une société vie au dessus de ces moyens est le taux d'interet. Malheureusement, cette métrique est ce qui est manipulé par les gouvernements pour créer une illusion de croissance économique. Tot ou tard, l'économie est incapable de soutenir ce rythme et nous avons la récession.

Comme selon moi l'American Dream n'a aucun rapport avec la crise que reste-t-il du message de M. Morton ?

Je l'interprète ainsi:
«Le bonheur n'est peut-être pas dans la recherche de la réussite et la richesse à tout prix. Peut-être faut-il viser moins, rêver d'un idéal collectif où tous seront heureux puisque tout sera équitable, juste et bon»
(OK, je paraphrase un peu mais l'essentiel du message est dans ce sens ).

Et bien, non, je ne penses pas que celui-ci va trouver plus le bonheur dans cette direction.
Le bonheur n'est ni en étant moins que ce qu'on pourrait être, ni en se sacrifiant pour un idéal collectif.
L'idéal collectif sera peut-être plus heureux mais surement pas ses individus. Le bonheur est tellement autre que tout cela.

C'est comme s'il considérait que le bonheur appartenait au collectif. Le bonheur est on ne peut plus individuel. Il est faut que la mesurer du bien-être collectif a un rapport avec le bonheur individuel.
Vous pouvez être très malheureux dans une monde riche et facile et vise-versa. Et très heureux dans un monde socialiste.

C'est comme s'il considérait qu'il avait ( que nous avions ) passé tout droit dans la quête du bonheur. Que nous avions tournés au mauvais endroit.
Ou cherche-t-il ?
Ayant compris que la quête du bien-être n'est pas la quête du bonheur, celui-ci cherche en arrière ( vers le moins-être ), ou à coté ( vers l'altruisme, la quête du bien-être par le bien du voisin ).
Evidemment, le bonheur n'y est pas non plus. Pour le prouver, plusieurs sociétés sont où M. Morton désire aller et ces gens n'ont pas plus trouvés le «bonheur collectif» gratuit. Celui-ci n'existe pas...

Le bonheur est un affaire personnelle. C'est une question de valeurs, de sens à sa vie, une genre de métrique automatique de notre cerveau qui nous indique comment ce que nous sommes et ce que nous faisons est dans le sens de nos valeurs. Plus grandes nos valeurs, plus grand le bonheur.

Mais c'est un tout autre sujet...