Nous avons eu au début de l'année scolaire une nouvelle vague de scandale collectif à propos du décrochage scolaire. Indignation, révolte, tout y était.
Tout semble maintenant apaisé. Le peuple a proposés des solutions, et la ministre de l'Education nous a offert une série de mesures afin de «contrer» ce décrochage scolaire.
Tout est maintenant réglé, vive la démocratie ! Et passons tous au problème suivant...
Et bien non !
Rien, mais absolument rien n'est réglé ici.
Vous savez tous que l'an prochain nous aurons le même débat avec sensiblement les même statistiques.
La raison est que tout le monde est passés à coté du problème !
Des solutions, nous en avons eu par centaines...
Mais qui a commencé par identifier le problème correctement ? Personne.
Et comment pensez-vous régler un problème sans l'identifier ? Sans en cerner la cause ?
Le «Pourquoi les jeunes lachent-ils l'école»? Personne n'a répondu à cette question.
- Parce qu'il y a trop d'élèves dans les classes ?
- Parce que l'école, c'est pas pour les gars.
- Parce que la réforme scolaire est pourrie ?
- Parce qu'il n'y a pas assez de modèles masculins dans les écoles ?
- Parce qu'il n'y a pas assez de sport dans les écoles ?
- Parce que la ministre est incompétente ?
- Parce que l'école n'est pas assez valorisée ?
Ce sont toutes des solutions énoncées comme une analyse du problème.
Honnêtement, quelqu'un pense vraiment que la cause du décrochage de pratiquement 1 enfant sur 3 a comme cause première un ou l'ensemble des ces énoncés ?
Permettez-moi d'en douter !
Mais commençons par un premier exemple où tout le monde a fait fausse route.
Personne ( à part peut-être M. Obama dans son discours supposément «controversé» fait dans une école ) n'a pointé du doigt le premier responsable du décrochage, c'est à dire l'élève lui même. C'est lui qui décroche, c'est lui qui abandonne. C'est lui le premier responsable de son sort.
Et vous le contournez tous ?
Bel exemple de responsabilisation pour nos jeunes ! De «coupable de décrochage» qu'il devrait-être, nous lui offrons maintenant le statut de victime.
Ce qui est bien pratique pour un jeune de pouvoir rationaliser son geste en se disant: «C'est pas vraiment ma faute, je suis une victime du décrochage scolaire, victime du Système, de la réforme, etc»...
La vraie raison du décrochage scolaire est un problème profond de valeurs dans notre société.
Les jeunes n'ont pas de système de valeur leur permettant d'apprécier l'école ou à tout le moins d'en comprendre l'importance.
J'utilise le mot «système de valeur» ici mais le vrai mot serait plutôt: un «code moral». Malheureusement, le terme «code moral» fait trop allusion à la moralité religieuse ( et sociale ), ce qu'un «système de valeur» n'est pas nécessairement.
Le code moral est l'ensemble des valeurs intégrées au cours qu'une vie qui permettent à un individu de faire des choix dans la vie. Par intégrées, on entends: comprises et acceptées, adoptée comme une valeur importante.
- Qui de nos jeunes décrocheurs valorisent la réussite ? Aller à l'école, réussir pour avoir un travail gratifiant et payant, ce n'est plus une valeur enseignée à nos jeunes.
- Qui accepte l'effort. L'effort n'est plus toléré. La persévérance est pratiquement associée à de l'entêtement et n'est plus une valeur. Pour nos jeunes, l'effort c'est quelque chose que l'on voit dans les films.
- Qui valorise la réalité dans notre société ? On crois aux miracles. Les jeunes pensent que s'ils lâchent l'école, ils trouveront bien une façon d'atteindre leurs valeurs quand même plus tard. C'est pas impossible mais nettement plus difficile: y as-tu vraiment réfléchi ? Qui confronte ces jeunes à la réalité ? En plein rêve que nous sommes de pouvoir défier la réalité et pouvoir instaurer l'égalité pour tous, aurions-nous oubliés d'avertir ces jeunes que c'est un rêve quasi utopique et que la réussite appartient encore à ceux qui en font l'effort, du premier jour de leur vie au dernier...
- Qui valorise l'indépendance personnelle, la liberté individuelle ? Qui explique encore à ses enfants que vivre au dépend des autres est immoral. Qu'à défaut de se bâtir un chemin solide dans la vie, c'est ce qui les attends...
- Qui explique à ses enfants que les emplois faciles ne sont plus ici. Que la job de plier une boite au salaire minimum n'est plus vraiment une option maintenant et que son avenir est par exemple dans la réalisation d'une telle machine qui plie ces boites. Qu'il le veuille ou non, le monde, la réalité est ainsi...
- Qui dans notre société valorise la raison, la performance et l'excellence ? Pas grand monde.
Et finalement, qui dans notre société valorise la construction d'un système de valeur personnelles ? Qui explique cette dynamique à ces jeunes ? Pas grand monde.
La mode est de donner aux jeunes des valeurs sans les justifier. Sans lui donner les outils pour les intégrer.
La mode est aussi de considérer les valeurs comme une fermeture d'esprit. Combien de fois dit-on à nos jeunes: il faut être ouvert d'esprit, les valeurs de l'autre sont aussi valide que les tiennes.
Ne porte pas de jugement ( de valeur ) et accepte tout ce qui est...
Comment trouver meilleure façon de dire à ces jeunes: les valeurs, ce n'est pas important puisqu'elles sont toutes importantes, quelles qu'elles soient.....!
Cette génération ( la mienne et celle d'avant ) qui a totalement rejeté les valeurs religieuses a fait une erreur: elle a rejeté le concept de valeur en même temps que la religion.
Elle a oublié qu'un humain doit avoir des valeurs pour faire des choix dans la vie.
Elle a oublié que le bonheur n'est pas une question matérielle tel l'argent ou la réussite sociale, mais plutôt une question de valeurs. Sans valeurs, il n'y a pas de bonheur.<
Elle a omis de remplacer ce code de valeur pré-fait, celui de la religion, par ce qu'elle prônait à l'époque: un code de valeur bâtit sur la raison et la réalité.
Que reste-t-il ? Le néant pour nos jeunes...
J'ai entendu la proposition suivante au sujet du décrochage: il faut valoriser l'école.
Effectivement.
Mais de penser que cette valeur puisse être accepté comme tel par un humain est une illusion. Les valeurs, pour être solides, ne peuvent-être que bâties les unes sur les autres.
Sinon, le jeune ne vas répondre à cette valeur par un: Pourquoi ?....
Notez d'ailleurs que le décrochage arrive à l'adolescence.
Qu'est-ce que l'adolescence ?
C'est le moment où l'enfant a accumulé assez de matériel et est assez mature pour se «forger une identité» ou parfois dit-on se «forger une personnalité».
L'identité, la personnalité, c'est le domaine des valeurs.
C'est à cet âge que l'enfant est capable de «raisonner» l'ensemble des valeurs qu'il a accumulé dans sa vie pour les assimiler dans un système complexe ( et parfois contradictoire... ).
C'est à cet âge que celui-ci rejette les valeurs qui ne sont pas assises sur une base solide ( ie: qui ne sont pas assimilées ) et celle qui contredisent. C'est l'âge du ménage.
C'est la qu'on a l'impression que l'enfant rejette tout ce qu'on lui a montré avant, qu'on pense qu'il rejette tout ce qui vient de nous. Mais en fait, ce qu'il fait est une ménage: il renie ce qu'il n'a pas bien intégré. Toutes ces règles qui lui ont été dictés sans raison valide ou sans base de valeur pour les comprendre sont souvent rejetées.
C'est durant cette période que l'enfant est vulnérable. Vulnérable au fait que si son système de valeur entier s'écroule, il se retrouve face à la toute première/dernière valeur: sa vie.
Vulnérable car les valeurs qu'il rejette doivent être remplacées. Ce qu'il utilisera comme substitut est alors refilé au hasard: le hasard des valeurs des autres sur son passage....
Un membre d'un gang de rue, une profiteur,... qui sait...
Le problème est qu'un système de valeur, ça prends du temps à bâtir.
Et comme personne dans la société ne semble comprendre que c'est la clé de la réussite, personne n'en fait la promotion.
Combien de parents ont confrontés les valeurs de leurs enfant sur une base rationnelle dans le but d'en consolider leurs valeurs ?
Combien de gens ont remis en question le fait que notre système d'éducation «enseigne» des valeurs aux jeunes au lieu de leur enseigner comment analyser et acquérir ces valeurs.
L'école, c'est pas pour les gars, les gars doivent bouger...
Vraiment ?
Pensez-vous réellement que c'est une question de physionomie ?
Vous remonter à la préhistoire pour nous expliquer ce que vous considérez une condition.
Mais que diriez-vous de considérer que dans notre société, les filles ont un système de valeur plus compatible avec l'école que les gars ? Ce serait une explication beaucoup plus objective que de mettre en cause l'homme des cavernes....
Il faut plus de modèles masculins dans nos écoles.
Maintenant que l'on connais la vraie raison du décrochage, il est plus facile de comprendre pourquoi cette solution est proposée.
Ce qui est demandé ici est: mettez des gars sur le chemin de vie de mon enfant, cela pourrait augmenter les chances que celui-ci en adopte les valeurs puisqu'il sera du même sexe. ( ie: sous-entendu: puisqu'ils auront un ensemble de valeurs de base communes ).
En quoi un «modèle masculin» a à voir avec l'éducation si ce n'est qu'une question de valeurs ?
Ne pas enseigner à nos enfants une base de valeurs mais de se déculpabiliser en demandant de mettre des «modèles masculins» sur leur chemin en espérant qu'ils en adoptent les valeurs au lieu de celle du looser d'à coté, est-ce vraiment ce que vous voulez ?
Ne pas aider nos enfants à se bâtir un système de valeur et de demander de mettre sur son chemin des modèles adéquats qu'il pourra copier, c'est ce que vous demandez.
Exprimé ainsi, c'est pas trop louable hein ?
Tout est question de valeurs !
François.
1 commentaire:
"à part peut-être M. Obama dans son discours supposément «controversé» "
Oui son discours est controversé, qu'est-ce qu'il fout dans les écoles à endocriner les petits enfants pendant qu'il devrait s'occuper des vraies affaires de l'état (à sa décharge Bush était aussi dans une maternelle quand on lui a appris que les attentats du 11 septembre 2001 venaient d'arriver par contre chez Obama, la rock stard, c'est devenue une véritable habitude d'être partout sauf où il devrait être en réalité).
Quant à la soi-disante meilleure réussite des filles, je suis d'accord avec vous, est-ce que ce petit bout de peau de plus que les hommes ont est si déterminant dans notre réussite scolaire? Permettez-moi d'en douter.
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