dimanche 28 mars 2010

La moralité, liée aux émotions dans le cerveau

La moralité, liée aux émotions dans le cerveau
La moralité est liée aux émotions ressenties, dans le cerveau, montrent les recherches de neuroscientifiques du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de l'University of Southern California (USC), publiées le 25 mars dans la revue Neuron.

«Nous déconstruisons peu à peu la structure de la moralité», explique Liane Young, auteur principal de l'étude, chercheuse au MIT. «Nous ne sommes pas les premiers à montrer que les émotions comptent en matière de moralité, mais là, c'est un regard plus précis sur le rôle des émotions.»
Les chercheurs ont étudié neuf personnes dont le cortex préfrontal ventromédian, la partie du cerveau qui régule les émotions, était abîmé.
Les patients victimes de traumatismes cérébraux dus à des tumeurs ou des anévrismes n'ont pas la capacité de ressentir «empathie ou embarras, mais ils ont une capacité de raisonnement, ou d'autres fonctions cognitives, parfaitement intacte», décrit Liane Young.
Chacun des neuf participants était confronté à 24 scénarios hypothétiques qui associaient des conséquences négatives intentionnelles et accidentelles. Les résultats montrent que ces patients «peuvent comprendre ce que les gens pensent et leurs intentions, mais ils ne répondent tout simplement pas émotionnellement à cette information», poursuit Liane Young. «Ils peuvent lire quelque chose sur une tentative de meurtre, et la trouver acceptable moralement, parce qu'aucun mal n'a été fait.»
Les chercheurs concluent que les jugements moraux nécessitent à la fois une réponse émotionnelle et une «évaluation de l'intention» raisonnable.
Nous avons régulièrement de telles affirmations dans les médias. La dernière était que l'altruisme rendait heureux (scan cérébral à l'appui).
Cette fois-ci, ce qu'on nous dit est que sans émotions, il ne peut y avoir de morale.
Pourtant, pour un adulte, cette affirmation ne tiens pas la route.

En passant, je ne critique pas l'étude comme telle, laquelle je n'ai pas accès. C'est la conclusion que je mets en doute. Surtout qu'une si grosse affirmation basée sur un échantillonnage de 9 cas est plutôt mince.

Voici ce que l'étude a fait: elle a sélectionnée des gens dont la «machine à sentiments/émotions» est endommagée. Ces gens ont alors toute leur raison mais n'ont plus d'émotions.
La conclusion de l'étude est que sans émotions, ces gens sont immoraux et que donc la morale ne peut exister sans l'émotion.
Les chercheurs concluent que les jugements moraux nécessitent à la fois une réponse émotionnelle et une «évaluation de l'intention» raisonnable.

Mais qu'est-ce que la moralité ?
C'est un ensemble de valeurs nous permettant de juger une situation.
Plus vous avez de valeurs intégrés et non-conflictuelles, plus votre moralité sera solide (ce qui n'est aucunement un gage d'acceptabilité sociale. Ou dit autrement, la moralité n'est pas conformiste: à chacun son ensemble de valeurs).

Qu'est-ce qu'un sentiment ?
C'est une évaluation automatique (inconsciente) faite par votre cerveau d'une situation. Le cerveau utilise vos valeurs (votre moralité) et votre perception d'une situation et vous retourne un sentiment. Celui-ci est du genre: tristesse, bonheur, peur, panique, rage, etc,etc etc.

Devant une situation donnée, un humain a deux choix: réagir selon ses sentiments, ou raisonner selon ses valeurs (puis réagir). Dans les faits, nous sommes tous guidés par une mixture de ces deux processus mais à divers degrés pour chacun de nous.

Voici par contre la meilleure façon d'utiliser ce processus: l'introspection.
C'est à dire que devant une situation donnée, vous aurez des sentiments. La rage par exemple.
Et bien, quelque soit votre réaction immédiate, l'important est d'éventuellement se poser les questions suivantes: pourquoi cette rage ? D'où vient ce sentiment ? Qu'est-ce qui l'a provoqué, quelle valeur a été bafouée ? Etc...
C'est en vous posant continuellement ces questions qu'au fil des ans, vous bâtirez un système de valeur solide et de plus en plus cohérent. Evidemment qu'au début, pour qui n'est pas habitué, ce n'est pas facile. Mais éventuellement, cela devient un mécanisme automatique.
Et comme vos sentiments sont d'après vos valeurs, ceux-ci évolueront avec vous...

D'ailleurs, rendu à ce point, les sentiments ne sont qu'une façon de s'améliorer et non votre guide dans la vie.

L'alternative à raisonner et bâtir ses valeurs est de réagir selon ses sentiments.
Et il y a un prix à payer pour cette «paresse».

Dans notre société, nous entendons souvent: écoutez votre coeur. Ecoutez votre voix intérieure...
Ce «coeur», cette «voix», ce sont vos sentiments...

Il faut des valeurs pour vivre. Sans valeurs, aucune décision n'est possible.
Mais les valeurs que vous aurez selon alors celles amassées au fil de votre vie, avec plein de trous et de contradictions.

Il est alors bien difficile de répondre au pourquoi de ce qui nous motive.
Au lieu d'être guidé dans la vie par une ensemble de valeurs acceptées et intégrées, c'est un peu le hasard qui est votre principal guide.

Et notez aussi qu'un tel «nuage» de valeur n'est pas la meilleure façon d'affronter une société complexe comme la notre. Le sentiment qui sera éventuellement dominant est la peur, la peur devant la complexité du monde et la dynamique de notre société. Tant de choix... Si rapidement... Comment choisir?... Tant de responsabilité...
C'est ainsi que plusieurs perçoivent notre monde...
Regardez combien de gens n'aiment pas notre monde et désirent retourner à un «idéal» d'une société plus simple, moins rapide, plus locale.... donc plus compréhensible pour eux...
C'est un des prix à payer...

Mais revenons à notre étude. Ce que ces gens concluent est:
Les résultats montrent que ces patients «peuvent comprendre ce que les gens pensent et leurs intentions, mais ils ne répondent tout simplement pas émotionnellement à cette information», poursuit Liane Young.
Evidemment... puisque c'est la particularité des sujets de cette étude... :)

«Ils peuvent lire quelque chose sur une tentative de meurtre, et la trouver acceptable moralement, parce qu'aucun mal n'a été fait.»
Désolé mais pour moi, ces gens qui par exemple, trouvent acceptable une tentative de meurtre avortée sont des gens qui n'ont pas bien intégrés certaines valeurs. Ce sont des gens qui fonctionnait avec leurs perceptions ( sentiments ) et n'ont jamais réellement «travaillés» leur valeurs. Lorsque la perception n'est plus, l'incohérence de leurs valeurs est beaucoup plus visible.

Les chercheurs concluent que les jugements moraux nécessitent à la fois une réponse émotionnelle et une «évaluation de l'intention» raisonnable.
Une telle affirmation implique que certaines valeurs ( l'étude ne semble pas s'aventurer à les identifier ) ne peuvent être acquises,acceptées et intégrées.
C'est dire que la raison ne peut comprendre certaines situations...
Par exemple, ces chercheurs nous dise dans cette phrase qu'une évaluation rationnelle des intentions d'un geste n'est fiable que si l'émotion y est ajoutée...
Cette affirmation est un affront à la raison...

Maintenant, je vais préciser ce que j'ai dis au début du texte: «on nous dit est que sans émotions, il ne peut y avoir de morale. Pourtant, pour un adulte, cette affirmation ne tiens pas la route.»
Mon point est que pour un enfant, ce n'est aucunement la même chose.
Il est difficile d'imaginer le développement d'un enfant sans émotions. Pour l'enfant, les émotions, la perception, c'est son input principal. C'est avec cet outil qu'il conceptualise le monde et bâtit ses valeurs. Comment se développe un enfant sans émotions, difficile pour moi d'imaginer mais il est certain que pour celui-ci, c'est un handicap quasi fatal.
La chercheuse souhaiterait aussi mener une nouvelle étude auprès de personnes touchées au cortex préfrontal ventromédian à un jeune âge, pour savoir si les réponses sont similaires à celles des patients atteints récemment.
Bonne idée...
C'est à l'age de la raison (quelle qu'elle soit pour un individu) que progressivement l'humain passe d'esprit perceptuel à un esprit conceptuel.

Pour terminer, quelle que soit votre réaction en lisant ce texte, que ce soit: «wow! cela a du sens» ou bien «qu'est-ce qu'il raconte cet imbécile», ou n'importe quoi entre les deux, faite l'exercice:
Demandez-vous pourquoi vous avez cette émotion. Et quelle est cet émotion au juste ?
Qu'est-ce que vous acceptez, ce que vous rejetez. Pourquoi ? Quelles questions cela vous pose ?
Quelles valeurs sont mise en jeu par ce texte ? Pourquoi ?.
Etc.....

Vous serez alors sur la bonne piste...
François.

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