lundi 29 mars 2010

Thomas Friedman à Montréal: ne jamais prononcer le mot «climat»


Thomas Friedman: ne jamais prononcer le mot «climat»

De passage à Montréal cette semaine, le chroniqueur vedette du New York Times Thomas Friedman s'est adressé au gratin économique et politique de la métropole. Son message: la prochaine révolution sera verte. Et si l'Amérique du Nord ne met pas rapidement le cap sur les énergies propres, la Chine le fera à sa place. Rencontre.
Ce M. Friedman nous offre des réponses bien intéressantes dans cet entrevu.
Commençons par en regarder quelques unes:

(Note: le projet de loi en question est la mise en place de la bourse du carbone aux US)
Q: En quoi ce projet de loi se distingue-t-il du précédent?
R: Il s'agit d'un compromis qui s'est bâti sur quatre principes. Premièrement, on n'utilise jamais le mot «climat», qui est devenu un gros mot en Amérique. On fait plutôt référence aux émissions carboniques, en précisant qu'il faut nettoyer l'atmosphère de cette pollution.
Traduction: Réchauffement climatique n'avait plus d'allure, on a inventé les changements climatiques. Maintenant que les changements climatiques ne sont pas plus crédibles, on laisse tomber le climat et se rabat sur la pollution.

Quelle honnêteté ici comme démarche ! Comme si l'on pouvait parler honnêtement de CO2 sans parler de climat. Comme si le CO2 était un problème autrement que par ses effets sur le climat.

Mettons un point au clair pour les Friedman de ce monde: si l'on ne tient pas compte du réchauffement sur le climat, le CO2 n'est certainement pas un polluant. Tout au contraire, le CO2 est nécessaire à la vie, sans CO2 il n'y aurait pas des plantes.
En fait, en excluant son effet sur le climat, d'extraire le plus de CO2 possible du sol et des océans et de l'envoyer dans l'atmosphère n'aurait que du bien.

Non M. Friedman, il est impossible de parler de «Carbon Pollution» sans parler de climat. Seul un manipulateur oserait prendre une telle approche pour vendre à la population quelque chose de si important que le Cap&Trade. Ce qui est le plus déplorable est l'arrogance d'annoncer ouvertement cette tactique de manipulation.

Deuxièmement, on impose un prix sur le carbone, en commençant par les centrales d'énergie, sans toucher au transport ou au secteur manufacturier.
Traduction: on commence en entrant par la porte d'en arrière, avec les grosses entreprises que personne ne voient vraiment.
Sous-entendu: une fois le pied dans la porte, il sera plus facile de s'imposer par la suite dans les autres secteurs ayant un impact plus visible pour le citoyen...

Troisièmement, les objectifs visés sont la sécurité énergétique et la création d'emplois.
Traduction: comme de moins en moins de gens craignent le réchauffement climatique, associons notre programme à de vrais préoccupations de gens.
OK, si les objectifs visés par une bourse de carbone sont principalement la sécurité énergétique et la création d'emplois, ceux qui prônent cette bourse sont des idiots avec une déficience mentale. ( ou des menteurs, ...vous aurez devinés... ).
Si l'on a à coeur la sécurité énergétique, ce qu'il fait faire est de produire plus d'énergie. Ces gens vous dirons que ces milliards soutirés de vos poches serviront à produire cette nouvelle énergie et à produire ces emplois.
Mais remarquez qu'en aucun cas n'est-il question de réels projets de création d'énergie.

Existe-t-il une liste de projets publics pour lesquels l'argent manque pour les réaliser. Ces gens mettent beaucoup d'effort pour avoir votre argent mais n'ont aucune idée de ce qu'ils vont faire avec.
Ce qui est demandé ici est: donnez-nous de l'argent et l'on fera de grandes choses avec.
Mais la seule avenue acceptable pour un citoyen devrait être: voici ce que l'on désire faire, voici ce qu'il nous manque pour le financer... Sinon, c'est signer un chèque en blanc au gouvernement.

Et que dire d'un emploi créé mais qui est payé à même votre taxe sur le carbone. C'est bien de la création d'emploi mais certainement pas de la création de richesse... Cela s'appelle un transfert de richesse: la votre vers ce nouvel employé.

Et enfin, pour faire passer la pilule auprès des plus réticents, on accroît le forage pétrolier offshore et le développement du nucléaire.
Traduction: c'est bien beau fourrer le monde avec la taxe sur le carbone et leur parler de sécurité d'emploi mais il faudrait faire un peu de concret quand même pour l'avenir du pays.
Mettons cela comme un bonbon politique qu'il faut concéder à contre-coeur...
Voici de quoi de concret en matière de sécurité énergétique.... Mais dites-moi ce que viens faire votre taxe sur le carbone dans ceci.

Q: Les Américains sont-ils en faveur de mesures de réduction des gaz à effet de serre?
R: Les sondages nous montrent qu'il y a toujours une majorité de gens qui croient en l'existence des changements climatiques et à l'importance de s'attaquer au problème. Mais lorsqu'il est question du coût d'une telle lutte, les appuis diminuent rapidement.
Donc tout est dans la manière de présenter la chose aux Américains.
Traduction: comme les gens ne sont pas d'accord pour payer, faisons comme si c'était gratuit.
Ne soyez pas si naif, imposer un prix sur le carbone n'a qu'une certitude comme effet: c'est vous qui allez payer ce prix...

Q: La dynamique politique actuelle favorise-t-elle une action vigoureuse à ce chapitre?
R: Il n'y a qu'un modèle pire que l'autocratie d'un seul parti à la chinoise, c'est la démocratie à un seul parti, comme celle qui sévit présentement aux États-Unis. Les Démocrates ont 59 sièges au Sénat, 60 si on inclut le vice-président qui se prononce lorsqu'il y a égalité des votes. En face, on retrouve les Républicains, dont la position se résume à dire «non». Cela signifie que l'adoption de n'importe quel projet de loi nécessite l'appui des 60 Démocrates.
Traduction: j'admire la dictature chinoise et je déteste la démocratie qui oblige à convaincre le peuple pour leur imposer des lois...

Or, que nous enseigne la réforme de la santé? Que les votes 1 à 50 coûtent cher, que les votes 50 à 59 coûtent une petite fortune et que le vote 60 fait exploser la banque! Donc, si vous êtes en mesure de convaincre ne serait-ce que 10 Républicains, vous n'êtes plus obligé d'éliminer d'importants morceaux de votre projet de loi pour arracher l'appui des Démocrates les plus récalcitrants. D'où le compromis, dans le projet de loi énergétique en cours d'élaboration, sur le forage pétrolier offshore et le nucléaire.

Traduction: tous les politiciens sont corrompus et peuvent s'acheter. Aucun n'a une idéologie solide, basée sur des principes et des valeurs....

Et si vous relisez bien ce que déplore M. Friedman, il ne déplore pas que ces politiciens soient achetables, ce qu'il déplore est que le système démocratique oblige à les acheter, ce qui ne serait pas nécessaire dans une dictature ( oups, il faut dire «autocratie»... ) telle que la Chine.

Q: Vous croyez toujours en l'existence des changements climatiques?
R: Dans ce dossier, voyez-vous, j'applique le raisonnement de l'ancien vice-président Dick Cheney. Rappelons-nous sa position sur les armes de destruction massive en Irak. Il avait dit que s'il n'y a que 1 % de risque qu'il y en ait en Irak, il fallait envahir le pays, car leur utilisation serait irréversible et potentiellement catastrophique. Le même raisonnement s'applique au climat. La Terre est enveloppée de gaz à effet de serre. Ajoutez plus de gaz et vous aurez plus chaud. Mère Nature compensera-t-elle cet excès, d'une manière ou d'une autre? Nous ne le savons pas. Pas plus que nous savons s'il y a 80 % de chance que des conséquences négatives s'ensuivent, 50 % ou 30 %. Voilà pourquoi, comme Dick Cheney, je dis qu'il faut agir, car même si le risque ne dépasse pas 1 %, les effets seront irréversibles et potentiellement catastrophiques...
Traduction: non je n'y crois pas plus que vous mais si vous pensez que je vais abandonner tout ce que j'ai investit et tout les projets que j'ai dans cette idéologie, vous vous trompez.

Personne ne devrait agir avec un projet d'une telle envergure, ayant un tel impact sur la société avec le degré de d'incertitude énoncé par M. Friedman.
Avec une telle logique, il serait justifié de «nuker» immédiatement la Corée du Nord et beaucoup d'autres pays. Il serait même justifié de tous courir se cacher dans une grotte et y passer le reste de sa vie.

Non, on n'agit pas avec une certitude de 1% ayant des potentiels inconnus ( mais catastrophique ! s'empresse de nous dire ce M. Friedman ). Et on n'a encore moins le doit de forcer les autres à agir !

Q: Donc votre message est que dans le doute, vaut mieux agir?
R: Tout à fait. Que fait-on quand il y a un risque, fut-il minime, que des événements irréversibles et potentiellement catastrophiques surviennent, comme des tornades ou des inondations? On ne se croise pas les bras, on achète des assurances. Donc, que l'incertitude provienne de Saddam Hussein ou de Mère Nature, j'applique le raisonnement de Dick Cheney et j'achète des assurances...
Que vous êtes sage M. Friedman. Achetez-vous des assurances tant que vous voulez. Mais ici, ce que vous demandez est qu'on vous la paye.


Nous avons vu récemment le cas d'un activiste qui adhère au réchauffement climatique dans un but destructif: De l'activisme de la pire espèce...
Mais ici, la motivation de M. Friedman est tout autre.

Il est évident, juste avec ses réponses, qu'il n'a pas vraiment à coeur l'environnement. Qu'il ne croit même pas vraiment au réchauffement climatique.

Il est aussi évident que ce M. Friedman est un manipulateur de mots, un fraudeur de la réalité. Regardez comment ces réponses ne sont pas dans un but d'exprimer la (sa?) réalité mais bien de créer une nouvelle réalité, de faire des associations superficielles. Tel un politicien, celui-ci est assurément un manipulateur de vérité.

Qu'est-ce qui motive ce genre de personne ? Pourquoi s'associe-t-il à toute cette fraude comme si c'était lui l'investigateur principal ?
Dans toute ces réponses, cela transparait noir sur blanc: pour le pouvoir.

Si l'on regarde au premier degré, on dira: quel pouvoir ? Ce gars n'a rien à gagner à ce qu'un tel projet de loi se réalise. Il n'est pas dans le gouvernement, il n'en retirera aucun bénéfice.

Mais êtes-vous si certain ?

Et de toute façon, qu'est-ce que le pouvoir ?
Pourquoi tant de gens recherchent le pouvoir ?
Et pourquoi dit-on que le pouvoir corrompt ?
Vous êtes-vous déjà posés ces questions ?

Mais je repousse mes réponses à ces questions pour un prochain billet question de séparer le cas Friedman de ces grandes questions...

Francois.

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