dimanche 4 avril 2010

L'envie: le péché chromé


La Presse nous offre une série de texte de ses chroniqueurs, un pour chaque péché capital.
Il en est un que je désire discuter au delà de ce qu'y écrit l'auteur:

L'envie: le péché chromé

Je déteste l'envie.
C'est sûrement le pire de tous les péchés capitaux.
L'avarice et l'orgueil ne sont pas loin derrière, soit, mais regardez le reste: la gourmandise n'est pas mal du tout, en fait, pour dire vrai, j'adore la gourmandise.
La colère, de son côté, peut être sympa, même si elle n'est pas toujours élégante.
La paresse a sa raison d'être... La luxure a quelque chose de printanier.

Mais l'envie? Pensez-y.
C'est nul, l'envie.
Je suis entièrement en accord avec Mme Lortie, l'envie, c'est le pire des péchés.
Evidemment que j'en ai rien à foutre de ces péchés ( comme c'est d'ailleurs le cas pour tous ces chroniqueurs ), mais mon point est de démontrer que l'envie est plus grave qu'un péché capital.

Et l'envie est certainement celui qui est le plus mal compris dans notre société. Il est ce mal rampant qui motive tant de gens mais que si peu osent regarder en face et confronter.

L'envie de vouloir être plus riche que son voisin, d'avoir moins de rides que la collègue, d'avoir une plus grosse voiture, de voyager plus loin... L'envie de courir plus vite vers rien?
L'envie n'est pas un péché, c'est une société à la dérive.
Ça c'est la facette que tout le monde connait de l'envie. Accepter une valeur comme un but à atteindre. Etre riche (ou plus riche) que son voisin, avoir une plus belle voiture, etc.
Ce sont des valeurs que l'on acceptent, que l'on désire.

A partir de ceci, l'auteure déduit ce qui est mauvais de l'envie comment étant: on court après des valeurs vides.
L'envie de courir plus vite vers rien?

Mais tout le monde de sensé réalise en même temps que l'envie, tel que décrit, n'est absolument pas que du négatif. L'envie a un bon coté: la motivation, un idéal de valeur.
De regarder une valeur chez un autre, de l'envier et chercher à l'atteindre soit même n'est certainement pas négatif.

Ce qui est négatif avec l'envie est d'avoir des valeurs «frivoles», de courir après son ombre à toujours chercher... on ne sait quoi...
Certain dénoncent, comme l'auteur, la consommation. Mais c'est ne s'attaquer qu'à la représentation d'un autre problème...

Ce qui est positif est de fournir des valeurs, des modèles de valeurs, de la motivation, des buts.

Ces deux face de l'envie (tel que décrit) mènent à une position bien ambiguë:
J'entends certains dire qu'elle motive, qu'elle pousse vers le mieux, qu'elle extrait de nous l'énergie de découvrir. Peut-être, parfois.
Mais c'est aussi une dangereuse ensorceleuse. Surtout ici, en Occident, surtout maintenant.
Surtout quand elle prend la forme d'une affiche publicitaire, d'une limousine, d'un improbable récit chromé nous attendant à l'entrée de Los Angeles, de Manhattan, de Tokyo ou de Paris, attisant le désir de mieux étinceler.
«Avec de l'argent, on ne peut pas acheter la paix intérieure», pouvait-on lire récemment sur la page Twitter du dalaï-lama. (Oui, le dalaï-lama a une adresse sur ce réseau social, et ce n'est pas un canular.)
Il aurait pu dire aussi qu'envier les autres, désirer, vouloir, acheter ne veut pas dire qu'on sera rempli de cette paix qui nous calme comme un verre de lait avec des biscuits, le soir, quand la lumière douce se mêle de nous attendrir et de nous soulager. Il aurait fait moins curé, moins éternité. Mais sur le fond, ciel! Il a trop raison. La paix intérieure, wow...

Si l'on prend l'envie au sens que décrit ici, ce ne peut finalement être qu'une bonne chose: être motivé par des valeurs que l'on voient dans la société et que l'on désire pour soi même.
Si certaines valeurs que l'on adoptent comme idéal ne sont pas les meilleures est une autre question qui n'a rien à voir avec l'envie comme tel.
De dénoncer l'envie, de dénoncer l'acceptation de certaines valeurs comme un idéal à rechercher est une perversion de l'humain car cela revient à dénoncer les valeurs... C'est comme dire: rien n'a de valeur dans son prochain, aucun idéal.

Mais il y a une autre facette de l'envie que Mme Lortie n'a pas touchée. Et c'est celle-ci qui est vraiment laide et répandue sous beaucoup de formes dans notre société. C'est la haine d'une valeur pour ce qu'elle est: une valeur.

Prenons des exemples pour l'expliquer:
- Vous voyez quelqu'un de riche passer devant vous, dans sa grosse voiture ( ou quoi que ce soit du genre ) et quel sentiment avez-vous ? Pas de la jalousie du genre: moi aussi je veux cette voiture, pas un dégout rationnel dû au fait que vous ne valoriser pas la richesse.
Mais plutôt de la haine. Ce que vous voulez est que cette personne n'ait pas atteintes ces valeurs.
Au lieu d'admirer cette personne et de chercher à atteindre le même idéal, vous désirez secrètement que celle-ci disparaisse. (ie: que cette valeur disparaisse ).

- Vous voyez une belle fille et vous la détestez. Pourquoi ? Pour la beauté qu'elle ose vous brandir en pleine face.

- Vous voyez cette personne sûre d'elle, qui fonce dans la vie. Vous la traitez d'arrogante et sans coeur. Pourquoi ? Parce qu'elle représente des valeurs que vous appréciez mais préférez haïr au lieu de les adopter et chercher à les atteindre.

C'est cette facette de l'envie qui est si laide.
Cette jalousie qui ne se transforme pas en valeur à atteindre mais plutôt en haine de cette valeur.
C'est la haine, la négation d'une valeur (que l'on valorise) dans le but de ne pas l'accepter et devoir ainsi chercher à l'atteindre soi même.
C'est de chercher à faire disparaitre une valeur pour ne pas l'avoir sur la conscience.
C'est la rationalisation de l'inaction.
C'est la haine du bien pour ce qu'il est: le bien...
La haine d'une valeur pour ce qu'elle est: une valeur.

C'est le mal ! La mal à l'état pur. Celui qui pourri l'humain par en dedans: le mensonge envers soi-même.

François.

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