M. Foglia nous offre un texte dans la Presse de ce samedi sur la pauvreté:
Des asperges en novembreRevoici le temps des guignolées.
Le Bien va se donner en spectacle au coin de la rue où il propose des encans, des courses à obstacles, des rencontres, des concerts.
Lorsque j'étais enfant, le Bien se faisait discrètement.
Le plaisir de faire plaisir à l'autre date de bien avant les guignolées ; sauf qu'en ces autres temps dont je parle, il s'accompagnait d'une grande pudeur.
Pas qu'on en fût honteux, mais on ne perdait pas de vue qu'on tirait ce plaisir de la noire misère.
Autre différence majeure : en ces temps-là, en faisant l'amour à son prochain, on ne croyait pas, comme aujourd'hui, faire la guerre à la pauvreté.
Autre différence majeure : en ces temps-là, en faisant l'amour à son prochain, on ne croyait pas, comme aujourd'hui, faire la guerre à la pauvreté.
La guerre à la pauvreté, on la menait sur le terrain politique.
On la menait à travers des mesures sociales, des combats, en tout cas une pensée, un ressort moral.
Vous pouvez appeler ça du socialisme si vous voulez.
J'exagère ?
Ce qu'il faut bien comprendre est que la pauvreté est maintenant une valeur.
Tout dans notre monde est questionné en fonction des pauvres. Quel projet, quel progrès n'a pas entendu la question: Et les pauvres eux ?
Nous sommes dans l'ère de l'envie: on détestent la réussite pour ce qu'elle est, et on vénère la pauvreté pour ce qu'elle n'est pas.
Pratiquement tout le monde sait dans son fort intérieur que l'envie est un des vices les moins humains... C'est détester quelque chose parce qu'il existe. Mais ce n'est pas de la jalousie car ceux qui ressentent l'envie n'ont pas vraiment l'intention de l'obtenir. Ce qu'ils désirent est que personne ne l'ait, leur permettant ainsi d'en ignorer l'existence.
- C'est celui qui déteste la richesse pour ne pas avoir à rechercher cette valeur. Celui qui n'aspire pas à plus de richesse mais désire simplement que celle-ci ne soit plus. C'est le chemin simple pour s'accepter, de se justifier à ne pas rechercher à être plus: faire disparaître le «plus».
- C'est le malheureux qui déteste la joie pour ce qu'elle est. Qui n'a aucune intention d'être moins malheureux, mais désire uniquement ne plus voir de gens heureux dans le but de s'accepter.
Dit autrement: c'est détester une valeur pour ne pas avoir à s'avouer qu'on ne l'a pas et qu'on la désire.
L'humain dans toute sa grandeur non ?
Les pauvres, nous les aimons. Nous en avons besoin !
Ceux-ci nous permettent d'avoir «du coeur», de chanter la litanie de la pauvreté.
Ceux-ci nous permettent d'attaquer tout projet, toute idée de la société, toute tentative de créer de la richesse sous la facette de la compassion.
Vous avez parfaitement raison d'affirmer qu'aucun projet social ne s'attaque vraiment à pauvreté. Tout le monde en parle. Tout doit tenir compte de la pauvreté.
On devrait alors s'attendre à beaucoup plus d'idées que simplement donner de l'argent ici et là.
Si la pauvreté est si importante, si horrible, des centaines de projets devraient circuler dans les milieux intellos. A part le concept «Robin des bois», c'est le vide total.
Tout le monde sait quelque part en dedans de lui que les guignolées ne régleront absolument rien à la pauvreté.
Mais ce qu'il faut bien comprendre est que personne ne veut réellement y changer quelque chose. Le pauvre, ont s'en fout ! C'est la pauvreté qui est importante...
Et c'est toute la différence.
C'est la pauvreté comme arme contre la réussite qui est important pour ces victimes d'envie.
C'est vénérer le pauvre pour ne pas avoir à réaliser qu'ils devraient plutôt vénérer la réussite.
C'est se valoriser en regardant derrière nous avec compassion au lieu d'avoir le courage de regarder plus haut. C'est l'échappatoire pour ne pas avoir d'ambitions.
Pour terminer, notre vénération de la pauvreté nous oblige à continuellement ignorer une facette de la pauvreté: la responsabilité du pauvre.
En considérant la pauvreté comme un concept, un concept composé de «pauvres idéalisés», on généralise facilement. Évidemment que lorsque l'on essaye de visualiser la pauvreté, nous y voyons ce qu'il y a de pire imaginable. C'est à dire les vrais pauvres...
La pauvreté est présenté dans notre société comme une maladie qui nous tombe sur la tête, comme un condition finale d'une vie.
(Oui, c'est le cas pour certains mais ils sont plus rare que ce que les statistiques nous disent).
Jamais personne n'ose remettre en pleine face à ces gens la grande part de responsabilité de leur condition. Non! C'est trop odieux faire cela... Les pauvres pauvres...
Jamais personne ne leur dira que s'ils ont décrochés à l'école, s'il n'ont jamais fait d'efforts ou n'ont jamais eu de courage dans la vie, il n'ont qu'une personne à blâmer.
Non, il ne faut pas dire cela, hein ?
Pourtant, on idéalise le tout et mélange les vrais pauvres ( ceux qui sont physiquement/mentalement pénalisés ) avec les sangsues paresseuses ( ceux qui refusent d'utiliser leur corps et leur tête pour se réaliser ).
On sait tous cela, mais on ne veut pas vraiment le voir.
J'exagère ?
Ah bon. Vous appelez ça vivre, vous, quatre enfants, 28 000$ par année?
Effectivement que c'est sûrement pas facile de vivre avec ce salaire et 4 enfants.
Effectivement que c'est sûrement pas facile de vivre avec ce salaire et 4 enfants.
Mais... à ce que sache, Madame est encore dans le décors ? Si elle allait chercher un petit 25 mille de plus en travaillant au Walmart par exemple. Avec 53 mille, c'est pas la même chose non ?
Et quatre enfants... n'est-ce pas leur choix ?
Devrions-nous vraiment nous apitoyer sur le sort de quelqu'un qui choisi comme valeur d'avoir 4 enfants sans regarder comment il fera pour les nourrir ?
Je préfère admirer ceux qui passent sous silence: ceux qui réussissent à planifier leur vie pour atteindre une valeur à eux, d'avoir 4 enfant, sans tomber le trouble...
Tant et aussi longtemps que notre société détestera la réussite et adorera ( vénérera même ? ) la pauvreté, rien n'y changera.
Ce qu'il faut pour qu'il y ait changement est une haine viscérale de la pauvreté combiné à un respect pour les individus pauvres et une fierté de réussite.
La compassion, c'est l'hypocrisie de l'inaction...
François.
Mise-à-jour: Pour ceux qui sont confronté pour la première fois avec le concept de l'envie, voici ce qu'en dit Wikipédia:
Envy (also called invidiousness) may be defined as an emotion that "occurs when a person lacks another's (perceived) superior quality, achievement, or possession and either desires it or wishes that the other lacked it."Envy can also derive from a sense of low self-esteem that results from an upward social comparison threatening a person's self image: another person has something that the envier considers to be important to have.
If the other person is perceived to be similar to the envier, the aroused envy will be particularly intense, because it signals to the envier that it just as well could have been he or she who had the desired object.
In proper usage, jealousy is the fear of losing something that one possesses to another person (a loved one in the prototypical form), while envy is the pain or frustration caused by another person having something that one does not have oneself.
(Désolé de mettre la définition anglaise mais la définition francaise sur Wiki est totalement merdique. Est-ce uniquement Wikipédia ou bien un trait de culture ? )